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Adrien, de Jean Pierre Dopagne

Comédie belge en création mondiale

Car il a oublié, Adrien, que si lui arrête, les autres travaillent toujours. Le quartier où il habite est aussi en émoi, d’ailleurs Madame Léon qui tient le tabac-journaux le sait bien elle ! chez elle les commentaires vont bon train.

Quant à son meilleur ami, directeur des Ressources Humaines, il...

... comprend tellement peu la décision de son ami qu’il va y chercher des raisons qui n’existent pas, quitte à ce que cela se termine devant les tribunaux.
Et sa compagne dans tout ça ? Elle est bien perturbée Hélène, car Adrien se mêle de faire les courses, de l’aider au ménage. Quelle idée, au lieu de s’installer dns le fauteuil qu’on lui a offert en guise de cadeau d’adieu de sa société, alors qu’il espérait un vélo.
Or Adrien a juré qu’il ne s’installerait pas dans cet objet pour vieux, destiné à le clouer jusqu’à la mort devant sa télé.

Petit à petit cependant l’enthousiasme du naïf Adrien va se tempérer ; seule sa fille Isabelle semble trouver qu’il a eu là une idée géniale, même si son père est devenu un « inclassable » dans les sondages qu’elle réalise.
Le désenchantement et la morosité guettent cet homme plein d’enthousiasme à l’idée de pouvoir enfin profiter de la vie.

Bien que j’aie trouvé la pièce un peu trop longue parce que fort répétitive, l’interprétation est formidable.

Bruno Georis est parfait en Adrien, un homme qui n’ a pas totalement réfléchi aux conséquences d’un acte auquel il avait pourtant réfléchi mais il a oublié que la société nous contraint à travailler quasi jusqu’à la mort pour pouvoir être « dans le rang ».
Il est plein d’humour et de tendresse pour le genre humain, même si autour de lui on ne le lui rend pas toujours comme il le mérite.

Rachel Luxen est Hélène, la compagne que la situation finit par exaspérer ; qui au départ s’amuse de ce qu’elle pense n’être qu’un caprice d’enfant gâté. Isabelle, la fille du premier mariage d’Adrien, est Roxanne de Limelette qui apporte enthousiasme et fraîcheur au rôle. Quant à Bernard, le copain DRH, c’est Frédéric Lepers qui lui apporte toute sa hargne.
La rumeur publique, à savoir Madame Léon, jamais en reste d’un cancan, c’est Jacqueline Nicolas qui l’interprète avec talent ; elle est parfaite en commerçante mesquine.

La pièce met très justement l’accent sur la manière dont notre société perçoit le travail ou le choix de ne pas ou plus travailler. C’est André Comte-Sponville qui disait pourant que l’on se trompe en ne voyant dans le travail qu’une fin en soi. On travaille parce qu’il le faut, c’est pour payer les vacances.
On désire tous la liberté, les loisirs, et comme le travail n’a pas de valeur comme l’amour et la générosité, il a un prix, celui du salaire.

L’idée d’ « Adrien » est venue à son auteur en écoutant l’air du temps, en entendant des amis ou des voisins s’exclamer qu’ils avaient envie de travailler, qu’ils en avaient marre de leur boulot, qu’ils arrêteraient bien à 50 ans.

Ainsi est née la première phrase de la pièce « J’arrête à cinquante ans » ; Dopagne a alors senti que le personnage d’Adrien serait un grand incompris et qu’il fallait attirer l’attention sur le regard que les autres portent sur quelqu’un qui décide de ne plus travailler, qui décide de rompre la routine pour profiter de ce qui lui reste de vie, sans être malade. Après cela, les autres personnages se sont naturellement dessinés. D’abord Bernard, le DRH ensuite la compagne, Hélène et Isabelle, la fille.
Finalement c’est Madame Léon qui a pointé au bout de la plume, avec les on-dits, les ragots colportés au sein de son tabac-journaux.

« Adrien » est une pièce aigre-douce, qui commence de manière fort drôle, avec énormément d’humour pour se terminer en point d’interrogation sur une conclusion douce-amère. Bref « Adrien » est un intéressant coup d’œil sur notre société.

La mise en scène de Jacques Neefs est sobre, intéressante, et parfaitement appuyée par les décors et les élcairages de Serge Daems.

A propos de l’auteur :

Jean Pierre Dopagne est Belge ; il est né à Namur en 1952 et il s’est fait connaître du grand public par une pièce qui a fait un véritable triomphe non seulement en Belgique mais mondialement, à savoir « L’Enseigneur ».
Le goût du théâtre lui est venu dans l’enfance en écoutant des pièces radiophoniques.

Il a étudié la philologie romane, le théâtre et la littérature, qu’il enseigna pendant quinze ans. Dopagne est aussi musicien, avec une préférence pour la musique baroque et Jean-Sébastien Bach qu’il interprète à l’orgue et au clavecin. Il travaille aussi dans notre pays à renforcer les liens entre arts et enseignement.

« L’enseigneur » qui fut l’un des plus grands succès du théâtre belge au cours des dernières décennies fut réécrit et la nouvelle version « Prof » interprétée par Jean Piat remporta le même succès à Paris, avant d’être traduit et interprété en plusieurs langues.

Dans toutes ses pièces, Jean-Pierre Dopagne étudie les dysfonctionnements de la société, les petits travers de l’âme humaine. Son écriture mêle habilement humour, tendresse, un zeste de cruauté tout de même et quelques grincements de dents. Il se veut l’héritier et le défenseur du théâtre dit « populaire », celui qui prend la vie à témoin

Jean-Pierre Dopagne a également adapté des comédies de Dario Fo, avant de se lancer dans l’écriture de ses propres pièces. Dans son théâtre il aime bien soulever le voile des apparences, aller au-delà du vernis, mettre en exergue les petits riens de notre quotidien.

Les informations concernant l\\\'auteur ont été adaptées du site :
https://www.dopagne.com/fr/biography_fr.html

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