Médiathèque (+ PLUS)

Door in the Floor (The), de Tod Williams

Le mariage de Ted et Marion Cole va très mal depuis la mort tragique de leurs fils aînés ; comme c’est souvent le cas, ils ont tenté de conjurer le sort en déménageant, en ayant un autre enfant afin de tout recommencer, mais même la présence de la petite Ruth ne peut plus sauver ce qui reste de tendresse.



Pour l’été, Ted qui est un...

... auteur célèbre de livres pour enfants engage le jeune Eddie O’Hare comme assistant ; le jeune homme est fou de joie à l’idée de travailler avec son idole, mais bien vite il déchante car en guise d’assistance littéraire, il sert surtout de chauffeur. Il découvre aussi que Ted est un coureur de jupons invétéré se servant de l’alibi d’artiste cherchant modèle pour mettre les femmes d’East Hampton dans son lit, ce pourquoi son épouse n’a plus aucune indulgence. Eddie se met à fantasmer sur la mélancolique jeune femme, qui attirée par la tendresse et l’innocence du jeune homme va lui apprendre l’amour physique, mais cet amour ne suffira pas à la sortir de son immense chagrin. Ted, comme tous les infidèles, va se découvrir jaloux et mesquin, d’autant plus que sa dernière relation amoureuse se termine au grand déplaisir de la belle Madame Vaugh dont la vengeance risque de faire mal. Sans le savoir Eddie est devenu un pion dans le jeu malsain de Ted, mais il servira de catalyseur dans ce mariage mort depuis longtemps afin que quelque chose enfin ne se mette à bouger pour tous.



Comment se fait-il que certains films à grands effets spéciaux, qui s’avèrent médiocres, reçoivent un tel abattage médiatique alors que d’autres n’ont droit qu’à une simple petite bande annonce perdue dans le flot de toutes les pubs inutiles ? C’est exactement le sort réservé à cette belle histoire d’un couple à la dérive et de leurs témoins innocents, tirée d’un roman de John Irving « A Widow for one year ».



Ce n’est peut être pas le meilleur film de l’année 2005, mais on n’en est pas loin. L’interprétation est magistrale ; même si Jeff Bridges cabotine un peu dans le rôle de l’artiste exhibitionniste, sûr de lui et de ses charmes, il est et reste un excellent acteur, jouant peut être un peu trop de ses mimiques. Quant à Kim Basinger, elle prouve une fois encore dans l’interprétation de la fragile Marion, pétrifiée dans son chagrin, à quel point elle est une excellente actrice dramatique. Le jeune acteur Jon Foster interprète Eddie, garçon un peu dépassé par les événements de cette famille nettement dysfonctionnelle, amoureux de cette femme ravissante et triste qu’il voudrait pouvoir consoler et faire sourire. Quant à la bonne surprise, c’est Mimi Rogers dans le rôle de la femme riche, devenue modèle pour un artiste qui se fiche totalement d’elle et qui n’hésitera pas à prendre une revanche bien méritée, ce qui offre au spectateur un moment très drôle permettant un bref répit dans ce drame intimiste. La petite Ruth est interprétée par Elle Fanning (hé oui, la sœur de l’autre) avec un minimum des tics habituels des enfants-acteurs.
Le film sonne vrai à tout moment.



Le réalisateur Tod Williams n’est pas encore très connu, ceci explique probablement cela ; son premier film a fait partie de la sélection du Sundance Film Festival, connu pour ses choix de films d’auteurs et pas pour les grosses pointures, ce qui signifie sans doute le manque de publicité.



Auteur du scénario, il a magistralement adapté le roman-fleuve de John Irving et sa direction d’acteurs a permis à Bridges et Basinger d’être formidables. Le seul (petit) reproche que l’on peut faire au film sont les quelques moments de longueurs, mais dans la vie, les drames aussi se jouent souvent lentement, non ?

On se prend à espérer que le film sera retenu pour les Oscars et les acteurs nominés … on peut toujours rêver évidemment.


Imprimé depuis Cafeduweb - Arts (http://arts.cafeduweb.com/lire/10338-door-in-the-floor-the-tod-williams.html)