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A Good Woman, de Mike Barker

Oscar Wilde est le maître incontesté du théâtre élégant qui, sous des dehors de légèreté, de personnages superficiels, égratigne sans aucune indulgence la soi-disant bonne société. Le cinéma nous avait déjà régalé il y a sept ans avec « An Ideal Husband » où Rupert Everett faisait des étincelles.



C’est au tour de « Lady Windermere’s...

... Fan" d’être une fois encore adapté à l’écran (le grand Lubitsch en avait déjà réalisé une version).



Margaret et Robert Windermere, jeunes mariés, ont tout pour eux : ils sont jeunes, beaux, riches ; ils sont la coqueluche des expatriés anglais et américains à Rimini en Italie. Pendant qu’il est au club avec les hommes, elle fait du shopping avec ces dames qui guettent quand même du coin de l’œil les éventuels faux-pas de ce joli couple, les badinages et cancans de toutes sortes semblant être le seul passe-temps de ces riches désoeuvrés. D’autant plus que la mignonne Meg a attiré l’attention du jeune Lord Darlington, playboy notoire et bien décidé à faire chuter la belle.

Arrive là la très belle Mrs. Erlynne, au passé et au présent aussi d’ailleurs totalement sulfureux, porteuse d'un secret. Elle, les ragots, elle s’en fiche complètement : elle ne fait aucun secret de mettre le grappin sur des hommes riches qui de toute façon ont l’intention d’être infidèle. A présent c’est sur le jeune Windermere que se porte son attention et les langues ont vite fait d’aller bon train.



La seule qui ne comprend rien à rien c’est la douce Meg, foncièrement gentille qui adore son époux et qui ne voit le mal nulle part ; c’est cela qu’exploitera Darlington prêt à tout pour que la petite Lady Windermere quitte son mari. Qui lui traîne son air de culpabilité du club à la villa de Mrs. Erlynne qu’il fréquente régulièrement en lui laissant à chaque fois un chèque substantiel.



Lorsque Meg découvre le carnet de chèques, le drame n’est pas loin et la jeune femme est prête à tout pour se venger de son époux. La soirée d’anniversaire sera le point culminant de cette observation sans indulgence des sentiments humains.



Bien que transposée dans les années 30, l’histoire conserve tout son charme, je dirais même qu’il en acquiert un petit quelque chose de plus, par les toilettes, les maquillages, les décors intérieurs et extérieurs. La côte amalfienne est très belle et ajoute à l'atmosphère romantique.



L’actrice Helen Hunt est une Mrs. Erlynne ironique à souhait, elle bluffe tous les autres acteurs et pourtant parmi eux il y en a d’excellents, tel Tom Wilkinson dans le rôle de Lord Augustus (Tuppy pour les intimes), bien décidé à offrir à cette femme excitante qui l’attire et l’intrigue toute sa fortune et un nom respectable.



Scarlett Johansson, l’actrice à la désormais caractéristique moue boudeuse, est légèrement éclipsée par le panache de Hunt, cependant elle est un bien gentille Margaret, tendre et innocente.



Hélas les jeunes acteurs interprétant les personnages masculins, tellement importants chez Wilde, n’ont pas été très bien sélectionnés ; ils sont pâles, voire fades à côté des deux interprètes féminines et surtout à côté d’un Wilkinson plein de charme et d’expérience, qui est un réel bonheur à voir paraître à l’écran.



Reste à mentionner absolument deux personnages incontournables de cette délicieuse mais cruelle histoire : les deux vieux lords, « Dumby » et Cecil, qui tels Statler et Waldorf, les deux marionnettes interprétant les critiques dans le Muppet Show, nous charment d’un bout à l’autre du film par leur commentaires ironiques, cruels, tous plus drôles les uns que les autres.



Si vous aimez les commentaires sur le mariage et les femmes, courez voir ce film, vous ne serez pas déçus. Mais il s’agit d’être très attentif, car les bons mots fusent les uns après les autres. Un vrai délice.



Oscar Wilde détestait l’hypocrisie, les faux-semblants, le manque d’esprit et d’élégance. Je suis l’une de ses plus grandes admiratrices depuis la première fois que j’ai lu quelque chose écrit par lui, à commencer par ses Contes pour enfants, écrits pour ses fils qu’il adorait. Wilde était un grand seigneur, un homme que sa société a brisé et que pourtant tous recherchaient pour son esprit acerbe et drôle.


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