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Don't come knocking, de Wim Wenders

Howard Spence, acteur sur le retour se vautre dans le sexe, la drogue, l’alcool pour oublier sa déchéance ; un jour, pris de ras le bol intégral, il quitte sans prévenir le plateau de tournage où il interprète dans un mauvais film un mauvais rôle. Sans trop savoir où il va, il finit par aboutir chez sa petite mère qu’il n’a plus vue depuis 30 ans...

... et qui ne le reconnaît presque pas.




Fine mouche elle lui demande dans quel pétrin il s’est fourré ; pour échapper à ses questions, il va se balader dans la ville de sa jeunesse où ça ne tarde pas, il se retrouve au poste pour une nuit après avoir joué des poings ! Le lendemain, sa maman lui demande des nouvelles de son petit-fils, l’autre tombe bien évidemment des nues et du coup se découvre un nouveau but dans l’existence : faire la connaissance de ce fils inconnu.



Pendant ce temps, une douce jeune fille emporte les cendres de sa mère à elle afin de les disperser dans un endroit qu’elle trouve joli et un employé de la société de production du film est lancé sur les traces de Spence ; comme un vrai chien de chasse il n’a nullement l’intention de lâcher sa proie.



Les retrouvailles entre Howard, Doreen son ex et leur fils ne se passent pas exactement comme l’ex-vedette l’avait imaginé, ce qui le pousse une fois encore à fuir. C’est compter sans la douce Sky qui est arrivée dans le même patelin, car elle aussi veut sa famille dont on devine rapidement que Spence et donc Earl, son fils, font partie. Avec toujours Mr. Sutter sur leurs talons.



Comme dans les histoires, bien souvent, tout finit par des chansons, Earl – fils et musicien – aura l’occasion, grâce à ses retrouvailles, de composer un air de circonstance.



Retrouver un enfant pour donner un sens à sa vie est un thème récurrent chez Wenders (surnommé le plus américain des metteurs en scène allemands), il suffit de se souvenir de l’émouvant « PARIS, TEXAS » datant de 1984.



On retrouve dans cette histoire tous les thèmes chers à Wenders et Shepard : l’incommunicabilité, le père absent laissant un fils déboussolé, les paysages de l’ouest américain tels qu’ils les aiment tous les deux. Sans oublier l’émotion, l’humour et la tendresse.



Wenders collabore une fois encore avec ce petit génie de Sam Shepard, un type qui sait tout faire : être un progressiste (denrée rare aux USA), écrivain, poète, scénariste, réalisateur et évidemment acteur.



Sa performance dans « Don’t come knocking » est époustouflante de vérité et il a face à lui sa compagne de plus de vingt années, non moins époustouflante, la toujours superbe Jessica Lange ; dans les quelques scènes qu’ils partagent, elle lui vole carrément la vedette.



Shepard porte tout le film sur ses épaules dans le rôle de cet acteur dégoûté et revenu de tout, l’anti-héros par excellence, mais il a en face de lui, en dehors de Jessica Lange, une série d’acteurs aussi excellents que lui, à commencer par Tim Roth, dans le rôle de Sutter, l’homme envoyé par la société de production pour ramener la brebis galeuse et qui apporte à ce rôle toute la causticité, la froideur et la touche d’humour noir auxquelles il nous a habitué dans ses rôles. Gzbriel Mann et Sarah Polley sont émouvants à souhait dans le rôle des enfants illégitimes.



Wenders aime aussi à utiliser d’anciens acteurs de ce cinéma américain qu’il aime particulièrement : on retrouve la mignonne Eva Marie-Saint dans le rôle de la fine mouche de mère et George Kennedy (clin d’œil à un habitué des films de cowboys) dans le rôle du réalisateur, désespéré d’avoir perdu sa vedette principale !



L’ambiance de « Don’t come knocking » fait beaucoup penser à l’univers du peintre Edward Hopper, spécialiste des nuits solitaires dans les petites villes américaines.



Ce film dure paraît-il deux heures, pour moi c’est passé en 2 minutes tant c’était excellent. Avant mention spéciale pour la musique de T-Bone Burnett.


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