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Untold Scandal, de Lee Jae-yong

A la fin du 18ème siècle, vers la fin de la dynastie Chosun, la Chine est sous l’emprise du confucianisme, qui impose une grande discipline dans les mœurs, une grande rigidité dans le comportement, provoquant par la même occasion bien des comportements hypocrites. En même temps de nouvelles doctrines et croyances voient le jour, tel le...

... catholicisme. Dans cette atmosphère rigide, la Dame Cho, femme à l’esprit brillant, se joue de ceux qu’elle fréquente, séduit qui lui plaît comme il lui plaît, même si elle affiche une attitude vertueuse et compassée comme il sied à son rang.



Son cousin, Cho-Won, libertin notoire, refuse les conventions hiérarchiques et sociales; il aime vivre à sa convenance, se livrer au seul plaisir de la chair et peindre ses différentes conquêtes féminines. Il vient de décider de séduire celle que l’on surnomme méchamment la « Porte de Chasteté », la douce veuve Lady So-ok. Il nourrit toutefois un penchant certain pour sa cousine et accepte de bon cœur de partager les détails de ses aventures avec elle.



Afin de pouvoir enfin séduire cette cousine, il accepte un pari, celui de séduire et mettre enceinte la future nouvelle concubine du mari ; l’enjeu du pari sera la fin de la résistance de sa cousine à ses avances.

Le grand classique de la littérature qu’est le roman de Choderlos de Laclos a été écrit dans un but de dénoncer l’hypocrisie de la noblesse d’avant la révolution française, mais en même temps on peut aussi y désceller une morale très classique elle aussi, à savoir que le cynisme, tout comme la méchanceté, détruisent à la fois celui qui en est victime mais aussi celui qui les pratique.



La nature humaine est montrée dans ce qu’elle a de moins sympathique, dans ce qu’elle a de plus tragique ; la vie est un cercle total, les conséquences de nos actes nous poursuiveront car toute action entraîne une réaction qui nous reviendra en pleine face.



Le roman de Laclos, un homme qui rejetait l’hypocrisielui aussi, est l’échange épistolaire de la Marquise avec Valmont qui provoque une sorte de fascination face à cette cruauté dans le jeu de la séduction; les différentes versions cinématographiques que j’en ai vues n’ont pas failli à cela, que ce soit celle de Roger Vadim (Gérard Philipe/Jeanne Moreau/Annette Vadim), transposée au 20ème siècle, ou celle de Stephen Frears (John Malkovitch/ Michelle Pfeiffer/ Glenn Close), ou encore « Valmont » de Milos Forman (Colin Firth/Annette Bening/Meg Tilly), pour ne citer que les meilleures et les plus célèbres.



J’essaie d’oublier « Cruel Intentions » ainsi que la version de Josée Dayan pour la télévision, mais la version de Lee Jae-yong est plus que digne de celle de ses prédécesseurs; elle est aux dires de beaucoup de spectateurs la meilleure version cinématographique du roman, une opinion que je partage totalement.



Comme beaucoup de films asiatiques, il est d’une très belle facture, esthétiquement fort soigné, les costumes sont superbes. Transposé dans la Corée du 18ème siècle, ne gardant que les principaux protagonistes avec un minimum de personnages secondaires ou figurants, le film est épuré d’inutiles falbalas de mise en scène pour ne conserver que l’aspect tragique de l’histoire et donner toute sa force au jeu des comédiens.



Pour un peu on croirait des estampes qui se seraient faites chair dans ce jeu subtil de la lutte entre désir et amour, chasteté et amour charnel, naïveté et mensonges, tendresse et cruauté.


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