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Inside Man, de Spike Lee

A New York, l’inspecteur Frazier aimerait prendre du galon pour vivre avec sa petite amie mais il fait l’objet d’une enquête concernant une somme d’argent qui aurait disparu.



L’homme se sait innocent mais allez raconter ça à la police des polices ! Pendant qu’il discute de la situation avec son partenaire et copain l’inspecteur...

... Mitchell, quatre braqueurs entrent dans une banque, prenant personnel et clients en otage. Puis obligent tout le monde à se déguiser en peintres en bâtiment, masqués, comme eux. Un policier ayant surpris le manège, contacte la police et toutes les brigades d’intervention arrivent sur les lieux avec fracas. Frazier et son partenaire y sont envoyés également en tant qu’enquêteurs/négociateurs.



Commence alors un jeu de chat et souris, le chef de bande jouant particulièrement sur les nerfs de tous, otages et policiers, tout en conservant un calme imperturbable ; on le sent déterminé de mettre en application ses menaces d’exécuter les otages si ses exigences ne sont pas acceptées. Mais depuis quand la ville de New York a-t-elle un jet à la disposition de malfrats ? Dans cette situation nerveusement éprouvante pour les négociateurs qui tentent d’obtenir des réponses claires, débarque une jeune femme, arrogante, désireuse de rencontrer le chef de bande pour négocier à son tour. Quel jeu se joue ici ? Pourquoi une avocate d’affaires se trouve-t-elle mêlée à la situation, même le maire de la ville s’en mêle, sans oublier le président de la banque. Frazier sent bien que quelque chose ne tourne pas rond, lui échappe dans cette partie d’échecs dont les règles changent tout le temps.



Les morceaux choisis de la bande-annonce d’ «Inside Man » feraient passer ce film pour une sorte de film d’action style « Die Hard » ; il s’agit au contraire d’un excellent thriller, d’une partie de bras de fer entre un flic intelligent – mais à qui on s’évertue à mettre des bâtons dans les roues – et un braqueur de banque au cerveau brillant. On reçoit d’ailleurs dès les premières images une petite leçon que les amateurs de polars et autres thrillers connaissent bien, à savoir : chercher « qui, que, quoi, quand, comment et où » afin de mener une bonne enquête.



Spike Lee est un réalisateur/producteur noir engagé, il vient d’ailleurs de terminer un documentaire sur la Louisiane et les manquements de l’administration Bush. Ses films parlent plutôt des problèmes de drogue, des relations entre afro-maéricains et blancs. Avec « Inside Man » il signe son premier film noir (pas de jeu de mots !) et c’est une fameuse réussite, avec manipulations en tous genres, corruption, responsabilités non définies, personnalités ayant quelque chose à cacher. Sans oublier les moments d’humour, les réflexions entre les protagonistes pour soulager les tensions de l’histoire.



Au passage, le réalisateur n’hésite toutefois pas à placer ça et là quelques situations qui mettent le doigt sur les habituels travers racistes américains, bien que pas aussi de manière aussi évidente que dans l’excellent « Crash ».



Denzel Washington est comme à son habitude tout à fait à l’aise dans le rôle d’un inspecteur qui voudrait bien qu’on arrête de le considérer comme un pion idiot, il se balade dans ce film avec un semi-sourire ironique du gars qui en a vu d’autres ; sa partie de bras de fer avec Clive Owen est formidablement interprétée par les deux acteurs, Owen étant un braqueur au cerveau de génie, ne perdant pas un seul instant son sang-froid et jouant avec les nerfs de tous.



Dans les rôles secondaires on ne trouve que de très bons acteurs : Jodie Foster évidemment, dans le rôle de la yuppie pleine de morgue, bien décidée à avoir le dernier mot ; Christopher Plummer – que l’on voit décidément beaucoup dès qu’un scenario nécessite la présence d’un homme âgé de belle prestance - offre une prestation brève mais excellente dans le rôle du président de la banque, voulant faire croire que ses seuls intérêts sont le bien-être de ses employés. Chiwetel Ejifor est le partenaire de Denzel Washington et on retrouve encore William Dafoe en policier, rôle dans lequel il n’a pas assez la possibilité de montrer son grand talent d’acteur.


« Inside Man » propose quelques bonnes surprises au spectateur. Je le recommande vivement.



Sortie en France le 12 avril 2006


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