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THE BLACK DAHLIA, de Brian de Palma

Totally Ellroy !

Buckley découvrir que la morte avait des liens avec une puissante et très riche famille de la ville, les Linscott, dont la fille aînée s’identifie à la morte, se complait dans des relations sordides comme elle, et très vite va séduire le jeune inspecteur. Celui-ci par ailleurs est étonné par l’attitude ambiguë de son...

... co-équipier, que cache-t-il ? pourquoi a-t-il commencé à prendre des amphétamines ? Existerait-il une conspiration du silence dans les rangs de la police ?
Jusqu’où Buckley va-t-il devoir ou pouvoir aller afin de découvrir la vérité sur son partenaire et sur ce crime odieux ?

De l’énorme brique qu’est le roman le plus célèbre de James Ellroy, le réalisateur Brian de Palma et son scénariste ont tiré un excellent condensé, ce qui était une gageure car résumer Ellroy c’est s’attaquer à la face nord de l’Everest. Cependant, l’auteur lui-même est satisfait de la version cinématographique de son roman.
Pourtant, comme tous les romans du grand James, « Black Dahlia » est énorme, met en scène une série de personnages dont tous ont de l’importance, même les plus insignifiants. Les intrigues secondaires prennent d’ailleurs autant d’importance que l’histoire principale et cela vaut au film, malheureusement, des moments de confusion. L’ennui aussi lorsqu’une intrigue est trop touffue, c’est qu’il faut se dépêcher à la fin afin de tout révéler.

En dehors de ce bémol, l’histoire est passionnante. Ellroy ne nie pas être obsédé par la corruption policière, par la pourriture qui se cache derrière les façades de la respectibilité des riches et puissants, du toc d’Hollywood attirant les jeunes femmes dans son miroir aux alouettes.

Le choix de Josh Hartnett dans le rôle du jeune inspecteur Buckley surprend un peu ; il a surtout ce que l’on appelle généralement « une belle gueule », mais il est vrai qu’il donne pas mal de crédibilité au policier un peu lâche parce que trop jeune dans l’équipe, se laissant plutôt aller selon où souffle la tempête, sans oser réellement intervenir lorsqu’il le devrait. Son personnage étouffe dans l’histoire et l’acteur apparemment avec lui jusqu’à ce que finalement il découvre la vérité.

Le plus convaincant pour moi est Aaron Eeckart, en flic ambigu, sûr de lui, de son pouvoir sur son ami, protégeant malgré tout la jeune femme qu’il aime.
Celle-ci est interprétée par Scarlett Johansson, que l’on voit décidément beaucoup sur les écrans ces temps-ci. Elle est une Kay à la fois émouvante et énigmatique, s’amusant à brouiller la piste de sa vie avec le sergent Blanchard.

Très convaincante aussi est Fiona Shaw, actrice irlandaise, dans le rôle de la mère Ramona Linscott, ennuyée par cette enquête, qui ne semble souhaiter qu’une chose : sauver les apparences. C’est l’oscarisée Hilary Swank qui interprète sa fille aînée, fascinée par la sulfureuse morte. J’avoue ne pas avoir du tout été convaincue par ses airs de fausse innocente et garce maladroite.

Ce qui est d’ailleurs assez surprenant dans le film, c’est à quel point les personnages féminins paraissent insignifiants à côté de la personnalité du « Dahlia Noir » ; c’est la très belle Mia Kirschner qui est Elisabeth Short, dont le crime non résolu fascine encore et toujours l’Amérique.
Pourtant, Betty Short n’avait rien d’exceptionnel, elle n’était qu’une starlette parmi beaucoup d’autres, qui finalement s’est retrouvée dans des productions pornos. Mais il est vrai que la brutalité du crime et le fait qu’il n’ait pu être résolu continue à hanter les écrivains.

La mise en scène est superbe, le film baigne dans une ambiance sombre en sepia avant de virer au drame final ; de Palma s’est nettement inspiré des films noirs des années 40 et 50, il semble avoir obligé ses acteurs à interpréter leurs rôles de manière décalée, excessive, comme dans le passé.
La trompette de Mark Isham apporte ses notes lancinantes et appropriées à l’ambiance du film.
Décors et costumes sont quant à eux impeccables.

Bref un film qui donne envie de relire le roman de James Ellroy, un écrivain qui n’hésite pas à déstabiliser ses lecteurs ; ses polars et chroniques de l’histoire américaine, L.A. en particulier, dressent les cheveux sur la tête. Pour lui la société américaine est complètement pourrie, il a lui-même plongé dans la drogue, la délinquance, le crime pendant près de 20 ans. C’est à 32 ans qu’il découvrira l’écriture et se sauvera.

Pour l’écrivain, L.A. recèle à elle seule tous les vices de l’Amérique blanche : psychopathes, perversions en tout genre. Sa propre vie fut d’ailleurs bouleversée définitivement par le drame de ses 10 ans, lorsqu’il découvrira le cadavre de sa mère assassinée elle aussi de manière brutale.

« The Black Dahlia » fait partie du célèbre quartet de Los Angeles ainsi que « L.A. Confidential » de Curtis Hanson.
Bien qu’ayant apprécié le film de Brian de Palma, j’ai nettement préféré « L.A. Confidential ».

Pour mieux connaître James Ellroy, il est intéressant de lire son autobiographie « My Dark Places ».

Et pour tous les amateurs de films noirs des années 40/50, rappelons « The Maltese Falcon », « The Big Sleep », « Double Indentity ».


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