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A Prairie Home Companion, de Robert Altman

La radio telle que vous ne l’avez jamais vue !

L’histoire de cette « dernière » en public est présentée par l’agent de la sécurité du bâtiment, qui a une tendance à se prendre pour un détective privé à la Philip Marlowe, le privé de Raymond Chandler. Il est sous le charme d’une superbe jeune femme en blanc, qui se promène à travers les...

... coulisses, un ange à ses yeux.

Il ne croit pas si bien dire car la ravissante Asphodèle est vraiment un ange, venu pour emmener l’un d’entre eux. Pendant ce temps, tout le petit monde se prépare à changer, raconter des blagues comme le tandem Lefty & Dusty pendant que le célèbre G.K. présente les numéros en citant les nombreuses firmes qui les soutiennent.

Et dans le bureau spécial, celui qui appartenait à Scott Fitzgerald du temps où il venait regarder les émissions, le « liquidateur » regarde tout cela d’un air méprisant, estimant ce qu’il pourrait éventuellement sauver de l’immeuble qui sera rasé le lendemain.

Robert Altman, le maître du film choral, va bien nous manquer. Il n’y avait réellement que lui pour passer d’une petite histoire à l’autre, d’un personnage à l’autre, sans que le spectateur ne se demande à quoi cela pouvait bien conduire. Ici, on est plus dans une histoire complète, les personnages sont tous unis par la musique et la radio.

Ici encore, comme dans son célèbre « Nashville », on assiste à un sympathique hommage au Rhythm & Blues, au Country & Western. Sans oublier qu’aux dires mêmes du réalisateur, il s’agit d’un film-testament, où la mort a son mot à dire.

Quant aux comédiens, ils sont tous formidables : de Kevin Kline, l’agent de sécurité qui se prend pour Marlowe, jusqu’aux sœurs Johnson, interprétées par Lily Tomlin et Meryl Streep en super forme. Leur duo de sœurs chantantes est au point, comme si elles avaient fait cela toute leur vie !

Streep, que l’on vient de voir récemment en femme d’affaires froide et dure dans « Devil wears Prada », est ici totalement dans un rôle de nunuche chanteuse sur le retour, en adoration devant sa fille, interprétée par la jeune Lindsay Lohan. Celle sort bien son épingle du jeu face à ses célèbres aînées ; tant mieux pour elle qui est plutôt connue pour ses virées nocturnes fort arosées !

Le duo de cow-boys aux blagues pas très fines mais qui font bien rire est interprété par Woody Harrelson & John Reilly. Mais il faut encore citer la brève apparition de Tommy Lee Jones en « liquidateur », pas du tout décidé à se laisser fléchir par ce qu’il regarde. Au contraire, il est certain pour lui que ce genre d’émission n’a plus sa place dans notre époque !

C’est la belle Virginia Marsden qui est l’ange blond et blanc, gentille, compatissante, mais néanmoins porteuse de mauvaise nouvelle.

Citer tous les excellents acteurs qui traversent le film est impossible, mais il ne faut toutefois pas oublier le célèbre Garrison Keillor puisque ce film est un tribut à son émission, il en a d’ailleurs écrit le scénario sur base d’une histoire imaginée par lui ; il interprète donc ici son propre rôle, à savoir G.K. et tout ce petit monde s’amuse beaucoup.

Robert Altman se fit connaître en 1970 grâce au célèbre « M.A.S.H. » ; on retrouve ici quelques ingrédients similaires : un film teinté de mélancolie, une histoire où humour, situations comiques, un peu de drame et d’amertume, se croisent et s’entrecroisent pour le plus grand plaisir du cinéphile.

Au revoir Mr Altman, et merci !


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