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Blood Diamond, d'Edward Zwick

Les diamants de la honte

Les hommes doivent aider à chercher les diamants dans le fleuve, les enfants sont enrôlés dans l’armée de libération. Dès ce jour, Solomon n’a plus qu’une idée, retrouver son fils et l’énorme diamant qu’il trouve et cache devra l’aider dans cette quête.

Danny Archer est un ancien mercenaire de l’ex-Rhodésie...

... reconverti en contrebandier ; lui les diamants il les vend au plus offrant à savoir les grandes sociétés diamantaires d’Afrique du Sud, via Londres. Pris en flagrant délit de trafic, il fait quelques jours de prison où il entend un autre prisonnier crier à Vandy qu’il le reconnaît et qu’il sait qu’il a caché un diamant d’une taille exceptionnelle. Dès ce moment, Archer sait qu’il va s’attacher aux basques de cet homme qui le mènera à cette pierre qui lui permettra, lui Archer, d’enfin s’extirper de l’Afrique et de quitter ses sales petites magouilles.

Maddy Bowen est une jeune journaliste, pleine d’idéaux, bien décidée à faire un article dénonçant les « diamants du sang », leur trafic ignoble. Ce qui lui manque, ce sont des noms, des faits. Le hasard lui fait croiser la route d’Archer.

Dans le pays à feu et à sang, Maddy va aider Vandy à retrouver une partie de sa famille ; Solomon va partir à la recherche de son fils et Archer va utiliser tout le monde dans l’espoir d’arriver à ses fins !

Il n’y a pas un instant de répit pour le spectateur dans « Blood Diamond », ce n’est pas simplement un thriller d’aventures, genre « à la recherche du Diamant Rose » ! C’est un film coup de poing et je peux vous garantir que vous n’oublierez pas les images de ces enfants-soldats qui tuent d’autres enfants, parce qu’on leur a dit et répété que ce sont des traîtres !

Il y a plus de 200.000 enfants-soldats en Afrique ! Je sais que cela paraît un peu facile à dire après avoir été au cinéma, bien à l’aise dans son fauteuil.
Pourtant on ne peut pas ne pas se sentir concerné. Que ce soit pour le pétrole, l’or, le caoutchouc ou les diamants, l’Afrique est saignée à blanc, par les Blancs !
Sierra Leone, Darfour, Soudan, Nigeria, Angola, Rwanda … le sida et les guerres civiles n’arrêtent pas de tuer l’Afrique, avec les massacres et destructions qu’ils entraînent, mais le pire massacre de tous est celui de l’enfance perdue de tous ces enfants que l’on a enlevé à leurs familles, que l’on transforme en bêtes à tuer par lavage de cerveau et drogues…

Edward Zwick est un réalisateur-producteur de films d’aventures ; il est notamment l’auteur du « Last Samurai » et du très inquiétant « The Siege », un film qui dénonçait déjà les dérives d’un état dans l’état aux Etats-Unis ; il a réalisé ici, selon moi, l’un de ses meilleurs films. Il tente de soulever diverses questions, notamment celle des trafics dont l’Afrique fait l’objet, un certain sensationnalisme de la presse, la bonne conscience blanche … c’est en tout cas ce que certains lui reprochent. Mais un « blockbuster » intelligent ne vaut-il pas mieux que rien du tout ? Et je comprends parfaitement la démarche du réalisateur de vouloir absolument attirer l’attention sur les enfants-soldats.

Djimon Hounsou et Leonardo DiCaprio sont magnifiques ; le premier est un Solomon VanDy plein de dignité, de douleur, de fureur lorsqu’il s’agira de sauver son enfant. Quant à DiCaprio, ses rôles adultes lui donnent de plus en plus de présence et de caractère et vraiment, ici encore il est formidable. Tous les deux envahissent l’écran avec toute la puissance de leur talent. On croit à tout instant à leurs personnages tant ils sont interprétés avec justesse et vérité. L’alchimie entre les deux acteurs fait merveille, leurs caractères opposés se complétant formidablement bien.

Par ailleurs Leonardo DiCaprio fait partie de ces acteurs qui se sentent concernés par ce qui se passe dans le monde, faire ce film était pour lui une manière de s’impliquer, il considère que c’est de son devoir de faire en sorte que plus de films de ce genre soient produits. Et qui plus est, il ne clame pas sur tous les toits son engagement politique, ce qui est un signe non seulement de sincérité mais d’intelligence.

Jennifer Connelly est une journaliste très résolue, pour qui son métier est un devoir face à l’indifférence du monde. Le jeune Kagiso Kuypers est très crédible dans le rôle du fils de Vandy.
Le film repose sur leurs épaules, avec autour d’eux des seconds rôles fort bien interprétés également.

Petite morale du film : qu’est ce qui compte le plus dans la vie d’un être humain ? Combien pèse ce même être humain face aux puissances de l’argent ?

Et tant pis si le film n’a pas plu aux diamantaires anversois !


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