Cinéma (+ PLUS)

Little Children, de Todd Field

Madame Bovary, made in USA

Sarah n’est guère heureuse dans sa vie d’épouse ayant décidé de rester à la maison pour s’occuper de sa petite fille, une enfant mignonne mais capricieuse. Son mari, homme d’affaires assez distant, a découvert un site porno, dont il est devenu sexuellement dépendant.

Sarah se rend presque chaque jour à la...

... plaine de jeux où elle ne se sent nullement à l’aise parmi les autres mères la considérant comme plutôt bizarre parce que mal organisée, trop bohème ; de son côté, Sarah déteste les cancans et les potins dont se régalent ces dames.

Lorsque revient à la plaine le séduisant Brad homme au foyer s’occupant de son jeune fils, avocat ayant déjà raté par deux fois l’examen d’inscription au barreau, ces dames se mettent à glousser et mettent Sarah au défi de lui demander son numéro de téléphone. Brad est un homme assez immature, qui n’arrive pas à se décider pour une carrière d’avocat ; il aime à regarder des jeunes en skateboard lors de sa promenade nocturne. Il vit à l’ombre de sa ravissante femme d’affaires, qui contrôle sa vie comme une mère.

Entre Sarah et Brad le courant passe et malgré le fait qu’ils soient attirés l’un vers l’autre, leur histoire commence par une amitié sympathique. Ces deux êtres mal dans leur vie ont envie d’autre chose, mais n’ont pas le courage de tout abandonner ; ils se lancent dans une aventure adultère passionnée.

A côté de la vie des ces deux couples au bord de la crise, le quartier résidentiel est en effervescence parce qu’un pédophile, récemment sorti de prison est revenu s’installer chez sa mère, une vieille dame tendre qui est convaincue que ce fils est un brave garçon qui a seulement eu une mauvaise conduite temporaire. Le problème c’est qu’un ex-policier a créé un comité de défense du quartier et harcèle la mère et le fils jour et nuit ; or cet ex-policier a lui aussi quelque chose à se reprocher et sa vie est loin d’être pavé de roses en raison de son agressivité.

« Little Children » est formidablement interprété par tous les acteurs ; tout comme dans certains films choraux, il nous conte la vie de plusieurs personnes, qui d’une manière ou d’une autre se rencontrent quotidiennement, qui sont liées directement ou indirectement, pour qui le qu’en-dira-t-on importe parfois plus que les décisions à prendre.

Kate Winslet est épatante en mère et épouse frustrée tant physiquement qu’intellectuellement ; Patrick Wilson est un Brad séduisant, mais il fait passer à merveille un homme qui se laisse vivre, frustré d’être bousculé par son épouse qui lui met la pression. Celle-ci est interprétée par la ravissante et talentueuse Jennifer Connelly, ses apparitions à l’écran sont peu nombreuses mais elle occupe la scène à chaque fois. L’ex flic agressif est joué par Noah Emerich. Jackie Earle Hailey assume le rôle très ingrat du pédophile, sa mère interprétée par Phillis Sommerville, qui apporte beaucoup de tendresse à ce rôle.
Il faut encore signaler l’actrice Mary B. McCann dans le rôle de la femme au foyer hyper-organisée jusque dans sa vie sexuelle, critiquant tout et tout le monde. Un rôle court mais qui fait grincer des dents !

Bref ce quartier résidentiel est rempli de gens malheureux, fragiles, mais finalement assez égoïstes aussi, dont les vies s’entrecroisent, qui vivent mal leurs frustrations ; leur mal âtre se transmet au spectateur, car « Little Children », même s’elle est racontée sur un ton ironique, est une histoire amère, voire pénible, qui fait référence au roman de Flaubert « Madame Bovary », qui fait d’ailleurs l’objet d’un sujet de lecture par le groupe dont fait partie Sarah.


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