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River of No Return, d'Otto Preminger

Mon Radeau au Canada

Jusqu’à ce qu’un jour, en difficulté sur la rivière près de la ferme, surgissent Kay et son joueur d’époux, Harry Weston. Le fermier les aide et Weston lui révèle qu’il est pressé de rejoindre la ville la plus proche afin d’y faire enregistrer sa concession ; il est même tellement pressé, qu’il vole le cheval de...

... Calder et n’hésite pas à abandonner son épouse.

Dire que Matt est furieux est un euphémisme, il en veut également à Kay qui n’a pas hésité à aider son époux. La situation est d’autant plus critique pour Matt, son fils et la jeune femme, que les Indiens rôdent et sont prêts à attaquer la ferme. Le seul moyen d’échapper est la rivière, qui comporte pas mal de rapides.

« River of no return » est l’unique incursion d’Otto Preminger dans le monde du western, et c’est une grande réussie. La photographie en couleurs et scope met magnifiquement en valeur les paysages montagneux.
Robert Mitchum, l’un de mes acteurs préférés, au talent malheureusement fortement sous estimé, met tout le poids de sa nonchalance dans l’histoire ; il y campe un caractère monolithique, assez puritain d’ailleurs, peu enclin à la clémence. Il est vrai que pour les habitants de l’ouest, le vol d’un cheval était le pire délit possible. Mitchum semble, comme à l’accoutumée, imperturbable, malgré la lumineuse et chaleureuse presence de Marilyn Monroe.
Elle incarne ici une femme qui aime le type qui ne la mérite pas, se retrouve démunie lorsqu’il la quitte. Mais la tendresse qu’elle éprouve pour le petit Mark est telle que même Mitchum finit par craquer … un peu !
Elle y interprète quatre chansons, dont le très beau « Silver Dollar ». Mais toute ma préférence va à « Down in the meadow », une chanson pour enfants qu’elle joue et chante avec un entrain et une bonne humeur communicative. En a-t-on glosé sur le talent de Marilyn et pourtant quelle actrice c’était !

L’autre indiscutable grande vedette du film est la rivière (plutôt le fleuve), celle que tous surnomment « Sans Retour » en raison de ses rapides, tumultueuse, pleine de vie et de passion qui serpente parfois paisiblement dans des paysages à couper le souffle, mais cette paix est toujours relative, car au détour d’un méandre surgissent les rapides. Bien sûr, si l’on connaît les secrets de tournage concernant les paysages, on sourit un peu en voyant les scènes à l’écran, mais je ne les dévoilerai pas afin de ne pas rompre le charme.

Dans le rôle du fils Calder, on trouve le jeune Tommy Rettig, un enfant acteur célèbre dans les années 50, qui participa à quelques épisodes de « Lassie » à la télévision, qui participa à quelques productions cinématographiques importantes mais qui ne résista pas à l’âge adulte ; il ne parvint jamais à percer et sa vie personnelle fut une longue suite d’arrestations pour détention et consommation de drogue (cocaïne, marijuana) ; ne travaillant plus pour le cinéma il fut photographe, représentant de commerce, programmeur pour ordinateurs et directeur d’un centre de fitness. Il a également été un ardent défenseur de la légalisation de la marijuana.

Dans le rôle du pas sympa du tout c’est Rory Calhoun qui s’y colle, acteur tout en biceps, spécialiste des westerns.
On retrouve bien des éléments classiques du western dans ce film très sympathique : fermier veuf et son petit garçon seuls dans la nature immense, Indiens prêts à l’attaque, la chanteuse de saloon au grand cœur, qui aime le joueur, mauvais garçon, sans oublier la petite ville des chercheurs d’or très truculents.

« River of No Return » est une forme de « road movie », sauf qu’ici la route est un fleuve tumultueux, une immense classique du cinéma, je ne me lasse pas de le voir et de le revoir.


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