Théâtre (+ PLUS)

La Vedette, de Jean-Christophe Barc et A. Jeanbart

L’univers impitoyable des séries télé par le Théâtre de l’Escapade

Et le voilà qu’il se décide enfin à paraître ce Victor qui aime se faire attendre pou réussir son entrée, sûr de son prestige et de son talent, tout en rondeur et truculence, mais tout en arrogance et mépris aussi, notamment à l’encontre de Micheline, la sympathique...

... répétitrice du script du jour, l’une de ses anciennes conquêtes de l’époque où ils étaient tous deux comédiens-amateurs à La Garenne-Bezon.
Il n’épargne pas ses sarcasmes à l’égard de Denis, fils de Micheline, au demeurant pas mauvais comédien, qui a introduit sa maman sur le plateau.

Mais le temps n’est pas encore venu de discuter avec Victor, car comme souvent, il ne connaît pas son texte et Micheline doit le faire répéter.
Linda, la script, et Jojo, la réalisatrice, tentent tant bien que mal de localiser la fameuse Martini, jusqu’à ce qu’il soit temps de passer à l’antenne. Afin de pallier à l’absence de Gloria Martini, Jojo engage Micheline au pied levé, malgré l’opposition rageuse de Victor, mais au plaisir de tous les autres comédiens qui apprécient cette femme gentille, discrète, toujours prête à rendre service.

Bien vite, le scénario du jour et la vie réelle des comédiens sur le plateau vont se mélanger dans l’un de ses imbroglios classiques et pétaradants au théâtre. La tension est à son comble, car de cette centième dépend l’avenir de la sitcom.

Une fois de plus la sympathique troupe d’amateurs du Théâtre de l’Escapade a frappé juste en sélectionnant la pièce de Barc et Jeanbart.

D’après le metteur en scène, Noël Baye, il s’agit de l’une des rares – sinon la seule – pièce de théâtre se passant pendant le tournage d’une série télévisée. Les comédiens ont donc dû travailler sur des niveaux multiples : créer leur personnage d’acteur de la sitcom, donc de vie fictive, et créer leur personnage de comédiens répétant une série télé.
Jongler entre fiction et réalité, jonglage dont toute la troupe de l’Escapade se tire avec les honneurs.
J’ai déjà eu l’occasion de parler de cette troupe très sympathique qui adore faire rire et émouvoir son public bruxellois et à leur stade de talent, on ne peut plus vraiment parler de travail d’amateur.

C’est Dominique Ghysselinckx, l’âme de la troupe, qui interprète la gentille Micheline, qui ne se laisse toutefois pas impressionner par le cabotin et parfois odieux Victor, interprété par Philippe Maca qui m’a fait penser au comédien belge Jacques Lippe, lui aussi spécialiste des rôles tout en rondeur et coups de gueule (« notre » Jacques Lippe fut l’un des plus célèbres interprètes de Monsieur Beulemans, le papa de la jolie Suzanne dans « Le Mariage de Mlle Beulemans).
Denis et Bruno sont repectivement interprétés par Didier Mills et Vincent Van Geem, Marc Lambert est le comédien Stanislas, un « invité » du jour sur le plateau, venu tout droit du théâtre. Dominique Verayt, Marianne Braconnier, Marie-Laure de Behogne leur donnent également la réplique avec brio et bonne humeur.

Les décors représentent un plateau télé, par un jeu d\'éclairages, changement dans la position des accessoires et par le changement des costumes, le spectateur sait si l\'on se trouve dans la \"réalité\" des comédiens ou la \"fiction\" télé.

Voir une pièce interprétée par le Théâtre de l’Escapade, c’est faire le plein de bonne humeur pour une semaine entière, et plus si affinités !

A propos de Jean-Christophe Barc, l’un des auteurs de la pièce :

On dit de lui qu’il est un bonhomme cordial, bourré d’humour mais fort en gueule. C’est probablement à lui que ressemble le « Victor » de « La Vedette ».
Il dit de lui qu’il est metteur en scène par plaisir, acteur par obligation et auteur par défoulement.

J.C. Barc a travaillé dans la restauration, il a l’intention d’interpréter un cuistot qu’il a écrit pour l’une de ses pièces … « Victor » peut être ? C’est en tout cas un rôle de cuistot qu’il interpréta l’été passé à Paris dans la pièce d’Olivier Lejeune « Dévorez-moi ».

J.C. Barc a adapté la pièce de Ray Cooney « Impair & Père », il est metteur en scène notamment de Richard Gotainer, il a participé à de multiples tournages tant au cinéma qu’à la télévision (il participe notamment à quelques polars comme « Central Nuit ».
C’est toutefois le cinéma qui l’attire le plus car, selon lui, l’image peut saisir une nuance que le théâtre ne peut rendre, sauf en forçant le trait.
Son père déjà jouait dans une troupe de théâtre amateur qu’avait fondé le grand-père Barc à La Rochelle. Quand une bonne pièce descendait en ville, le papa de Jean-Christophe y entraînait son fiston, quitte à lui faire faire l’école buissonnière.

Les modèles de Jean-Christophe Barc sont Fernand Raynaud, Pierre-Jean Vaillard, Poiret et Serrault, mais surtout Yves Robert.
Site officiel de J.C. Barc : https://www.jcbarc.com/

A propos de l’univers impitoyable des séries télé :

Que celui qui n’a jamais regardé « Dallas » me jette la première pierre ! Si vous aviez à évaluer leur nombre ou même citer les titres de feuilletons télé, que vous connaissez éventuellement même seulement de titre, à combien arriveriez-vous ? Un, dix ou davantage ? attention on parle ici de FEUILLETONS, pas de SERIES, c’est pas la même chose gentes dames et damoiseaux.

Le feuilleton est un long fleuve pas tranquille qui passe et repasse à l’infini ; il imbrique plusieurs petites histoires les unes aux autres. Pour l’instant TF1 nous ressort les problèmes des jeunes de « Bevery Hills », poursuit la carrière des « Feux de l’Amour » alors que sur France « Amour, gloire & beauté » attend patiemment que se termine l’épisode « Des Jours et des vies » avant de sévir à son tour.

Il y a eu le phénomène « Friends » et il y a bien longtemps « Dallas » et « Dynasty ». Sans oublier les petits Français « Hélène et les garçons » et ses suites « Miracle de l’amour » et « Vacances de l’amour ». Pour l’instant c’est « Sous le soleil » et « Plus belle la vie » qui cartonnent, paraît-il ! Ca c’est pour la télévision française, mais les chaînes néerlandophones belges ne sont pas non plus en reste ; pas moins de quatre feuilletons font les beaux soirs de la télé flamande.

Dans les séries, par contre, pas de suite d’un épisode à l’autre. La série est formée d’épisodes qui se terminent à chaque fois ; pensons à l’une des séries préférées actuelle « Les Experts ».

Les feuilletons sont faits pour accrocher le spectateur, faire de l’audience et faire vendre les produits proposés par les publicitaires. D’où l’appellation « soap opera » aux USA puisque le concept fut inventé par un fabricant de savons et poudres à lessiver, afin de capter l’attention de la ménagère de plus de 40 ans. En France on parle de « sitcom » pour « situations comiques ».
Au départ, les feuilletons installaient une histoire sur la durée, sans logique temporelle ; c’est le réalisateur David Lynch ayant décidé de s’intéresser à la télévision qui introduisit la notion de temps dans le feuilleton avec son célèbre « Twin Peaks » et le temps dans lequel évoluaient ses personnages.

Les principes des feuilletons sont simplissimes : ils jouent sur des sentiments comme l’amour, l’amitié, passions extra-conjugales, des hommes et des femmes très beaux, très riches ou prêts à tout pour le devenir soit par le travail, soit par la perversité ou la duperie. Il s’agit de faire croire au public que ce monde de richesse et de beauté (même au saut du lit) est à leur portée. On y retrouve sida, homosexualité, racisme, alcoolisme, perte d’un être cher, trafic d’organes, cancers, etc. Car ce n’est pas parce qu’on est riche et célèbre qu’on est à l’abri des malheurs du monde, cela rassure le commun des mortels. Quant aux réactions des spectateurs, elles sont un ingrédient indispensable pour les concepteurs de feuilletons ; le courrier, les appels en direct, font l’objet de réunions régulières afin d’adapter et modifier le scénario en fonction de ces réactions.

Ce qui est très amusant aussi est le fait que même si vous avez raté le feuilleton pendant une année entière, il n\\\'y a aucun problème, vous vous y retrouverez toujours car cela n\\\'avance quasiment pas d\\\'un pouce en une semaine.

Le segment de cet article consacré aux feuilletons télé a été inspiré en partie par l\'article paru dans le programme du théâtre.


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