Le cinéma d’auteur belge se porte bien, merci pour lui. Avec ce deuxième film, Lieven Debrauwer nous fournit à nouveau une tranche de vie de la Flandre profonde et c’est très réussi.
Dans un petit village de Flandres, un petit cordonnier se sent mal chaussé et plante là femme et amis le jour même de la fête de leur jubilé de mariage. Ses pas de «...
... fugueur » l’entraînent vers le petit cabaret provincial appartenant à sa plus jeune sœur, brebis galeuse de la famille. Il prétend avoir été chassé de chez lui et bien qu’elle ne le croie pas, Josée l’encourage à rester, trop heureuse d’enfin tenir une vengeance longtemps attendue. Car Josée (interprétée par la comédienne Chris Lomme, malheureusement frisotée comme un caniche pris dans la pluie) a la rancune tenace et elle va entretenir la zizanie dans le cœur de son frère.
Pendant ce temps, Emma (excellente Marilou Mermans) va tenter de s’occuper du magasin, de sa belle-sœur impotente et acariâtre, autoritaire, méchante qui exige qu’Emma aille récupérer son mari. Après quelques hésitations elle va tenter l’impossible car Tuur le cordonnier a décidé de bouder dans son coin comme un crétin qu’il est. Alors Emma pour se consoler va faire ce qu’elle fait de mieux : des confitures, quasiment en guise de thérapie. Elle ira même jusqu’à les vendre, transformant la cordonnerie en quelque chose qui attire la clientèle au grand dam de son insupportable belle-sœur.
Emma va se rapprocher de sa fille, va essayer la réconciliation avec la brebis galeuse, mais rien n’y fera jusqu’à ce que son époux comprenne que l’herbe n’est pas nécessairement plus verte ailleurs.
La description de la vie étriquée et de la mentalité qui s’y rapporte n’est pas toujours très subtile, mais le film offre de très beaux rôles de femmes : Emma, Josée, Gerda l’irascible. Il y a des moments de tendresse, de gentillesse, d’humour à la flamande et l’utilisation de la musique dans certaines scènes pour accentuer l’effet caricatural, mais parfois avec excès.