Blanche-Neige et Cendrillon dans l''enfer de la mode
Andy, habillée au supermarché du coin, considère ce poste comme un moyen de payer le loyer et les factures alors qu'on n'arrête pas de lui seriner qu'elle a une chance du tonnerre. Une chance ? être moquée ouvertement pour son poids, sa coiffure, ses tenues...
... vestimentaires ?
Parce que sa patronne est la célèbre et terriblement tyrannique Miranda Priestley, elle est censée être heureuse de pourvoir au café, à la teinturerie, à des tas de détails comme fournir le manuscrit du dernier Harry Potter en deux exemplaires pour les jumelles, s'occuper du chien, etc etc. Avec, en plus, les sarcasmes concernant ses tenues, les humiliations en public, y compris de la première assistante Emily.
Bref la reine de Blanche-Neige est presque aimable à côté de ces pestes.
Mais toutes les cendrillons ont une bonne fée et c'est Nigel, le styliste du magazine qui va modifier l'apparence de notre vilain petit canard.
Et Andrea va s'avérer tellement efficace qu'elle va même pouvoir accompagner sa patronne à Paris, le rêve de la pauvre Emily, malencontreusement indisponible. Entretemps, Andy aura perdu son fiancé, ses copains, se sera coupée de sa famille, bref sa vie commence à ressembler à celle de Miranda.
Cela en vaut-il vraiment la peine ?
Il faut aller voir "Devil wears Prada" pour la performance de Meryl Streep; elle confirme ici, si c'était bien nécessaire, le talent qu'elle montre dans des films comme "The Hours", "Sophie's Choice", "The Bridges of Madison", "Out of Africa" et tant d'autres. Elle n'a pas pour rien été nominée 13 fois aux Oscars.
Dans ce film elle montre un réel talent comique tout en restant imperturbable et elle le sauve, car il ne reste pas grand chose de l'humour new-yorkais corrosif de l'excellent roman de Lauren Weisberger qui m'a par instant fait hurler de rire. Il est vrai que j'ai été assistante de publicité dans la mode et la publicité pendant environ 17 années, j'ai donc retrouvé une certaine ambiance.
A partir du moment où le vilain petit canard se transforme en cygne, le film devient un défilé de mode, toujours sauvé heureusement par l'interprétation de Streep. Celle-ci, sans jamais hausser la voix un seul instant, parvient à flanquer la trouille à tous ceux qui travaillent pour elle. Brrrrrr j'en ai encore des frissons.
Anne Hathaway fait de son mieux en Andrea mais à côté de Meryl Streep, elle ne fait guère le poids hélas. Par contre une intéressante surprise fut Emily Blunt dans le rôle de la première assistante (Emily), elle est prétentieuse à souhait dans le rôle de cette malheureuse fille qui s'imagine être indispensable et qui traite son assistante comme sa patronne la traite elle. Emily Blunt est plutôt une actrice vue à la BBC, ce qui explique peut-être pourquoi elle est peu connue du grand public.
Quant à la bonne fée, le styliste Nigel, le rôle va comme un gant à l'acteur Stanley Tucci; spécialiste des seconds rôles, à chaque fois il s'impose comme ici et lui aussi aide à sauver les meubles.
Laura Weisberger a elle aussi travaillé chez Vogue avant de devenir écrivain, elle nie s'être inspiré de son ex-patronne la directrice de Vogue qui a paraît-il une réputation digne de Miranda Priestley.
Je regrette sincèrement que l'esprit du roman n'ait pas été respecté; comme l'a dit très justement l' une de mes amies : amusant, mais sans plus.
Même la fin a été tronquée, or la fin du roman est réellement épatante !