Pour ceux qui l'auraient raté au cinéma, La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier est sorti en DVD en mars dernier. Ce film, inspiré de la nouvelle éponyme de Madame de La Fayette, publiée anonymement en 1662, a été sélectionné pour la 63ème édition du festival de Cannes en 2010.
En 1562, sous le règne de Charles IX, la France est déchirée par les guerres de religion opposant papistes et huguenots. Le Comte de Chabannes (Lambert Wilson) est banni des deux camps. Par les premiers, pour avoir embrassé la Réforme; par les autres pour avoir cessé de combattre. Devenu fugitif, il se rend auprès de son ancien protecteur, le duc de Montpensier (Michel Vuillermoz), où il espère trouver refuge. Sur la route, alors qu'il allait se faire détrousser par des brigands, il croise le jeune Philippe de Bourbon, prince de Montpensier (Grégoire Leprince-Ringuet), dont il fut le précepteur et ami. Celui-ci se rend chez le Marquis de Mézières (Philippe Magnan) où son père l'a fait mander. C'est ainsi que le Comte de Chabannes va devenir à la fois le témoin et l'acteur d'un drame passionnel qui se joue à la veille de la Saint-Barthélemy, dans un royaume de France à feu et à sang. L'histoire est celle de Marie d'Anjou, marquise de Mézières (Mélanie Thierry), qui se consume d'un amour partagé pour Henri de Guise, son cousin (Gaspard Ulliel) alors que son père l'a promise au duc de Mayenne, le cadet d'Henri, avant de rompre son serment et de la marier au Prince de Montpensier.
Parmi les réalisations de Bertrand Tavernier, j'ai eu l'occasion de voir Le juge et l'assassin (1976), qui chef d’œuvre de psychologie, et La fille de d'Artagnan (1994), un film de Cape et d'épée plutôt distrayant. L'intérêt de ce nouveau long métrage en costumes réside essentiellement dans l'opposition des séquences de galanterie et de guerres. Le spectateur est balloté entre les scènes de vie quotidienne et à la cour, puis les visions de batailles et de massacres. La jeune princesse, paie le privilège d'une vie choyée (mais ennuyeuse), accordé par sa haute naissance, par le sacrifice de ses sentiments au bénéfice des ambitieux paternelles. Les nobles dames sont traitées ni plus ni moins comme des chevaux racés que l'on vend au plus offrant. Épargnées par les duretés de l'existence, elles n'en vivent pas moins dans des prisons dorées dont leurs époux sont les maîtres lointains. Car en ces temps perturbés, les hommes ont pour devoir de défendre le royaume, aussi bien contre ses ennemis extérieurs qu'intérieurs. Aussi pendant que leurs épouses peaufinent leur éducation raffinée pour paraître à la cour, les nobles seigneurs guerroient avec férocité et pataugent dans les charniers.
Les quelques défauts de scénario sont, je pense, inhérents au récit de Madame de La Fayette, dont il est une adaptation assez fidèle. La Princesse de Montpensier était sans doute charmante, mais delà à retourner tous les cœurs masculins croisant son chemin, les conduire à renier bienfaisance, principes, intérêts et amitiés... et cela sans jamais froisser la susceptibilité de ses compagnes du Louvres.... cela me semple un peu naïf. Si les personnages masculins ne sont pas toujours très convaincants, à l'exception de celui de Lambert Wilson qui sonne juste, La Princesse de Montpensier apparaît plus ambivalente. Elle semble sans cesse tiraillée entre les élans de son cœur ou de sa jeunesse, et la nécessité de se comporter avec la fierté de sa haute naissance.
Titre: La Princesse de Montpensier
Réalisation: Bertrand Tavernier
Distribution: Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Raphaël Personnaz, Lambert Wilson.
Durée: 139 mn
Sortie en salle: novembre 2010
Sortie en DVD: mars 2011