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Girl with a pearl earring, de Peter Webber

[html] Un épisode totalement romancé de la vie d’un peintre de génie, reconnu pour avoir été l’un des hommes les plus secrets de l’histoire de la peinture et qui n’était connu que pour un nombre assez réduit de ses oeuvres, alors qu’elles furent très nombreuses.

Le merveilleux chef d’oeuvre qu’est La Jeune fille à la perle est aussi...

... l’un des tableaux les plus mystérieux du peintre hollandais Johannes Vermeer, suscitant les interrogations des historiens de l’art depuis des années. C’est cette fascination qui a inspiré le roman de Tracy Chevalier à broder un roman que j’ai trouvé assez superficiel.

Griet, jeune fille dont la famille a connu des revers de fortune depuis la cécité du père, a été engagée dans le ménage Vermeer, qui connaît à cette période une certaine aisance. Aisance précaire toutefois compte tenu du temps que met le peintre à terminer un tableau commandité. L’artiste est un perfectionniste pour qui l’art est plus important que l’argent, mais sa nombreuse famille doit bien vivre. Lorsque le roman commence, son épouse est sur le point d’avoir son 6ème enfant. C’est une femme assez superficielle, vaniteuse, jalouse de tout et de rien, ne comprenant pas du tout la passion de son époux pour la peinture et le fait que l’argent ne coule pas à flots malgré sa renommée.

L’ambiance dans la demeure Vermeer est tendue, l’une des filles, Cornelia, la plus jolie et la plus teigneuse aussi, va immédiatement prendre Griet en grippe et tenter par toutes les mesquineries possibles de la faire renvoyer. Par contre, la belle-mère du peintre, Maria Thines, est plutôt favorable à cette fille très jeune dont elle sent la force de caractère.

Les Vermeer sont catholiques, ce qui pose aussi un problème à Griet, issue d’une famille protestante ; cependant le livre met l’accent sur la tolérance qui régnait à Delft au 17ème siècle entre les deux croyances.

Pour Griet la vie comme servante est dure ; elle se lève aux aurores et se couche très tard lorsque ses tâches sont terminées. Parmi celles-ci, il y a le marché où elle fait la connaissance du Pieter, jeune boucher qui va immédiatement tomber amoureux et devenir particulièrement insistant, ce qui d’abord ne plaît pas à la jeune fille.

Un jour, en nettoyant l’atelier du peintre - un lieu sacré dans la maison - elle fait une remarque judicieuse qui porte le peintre à l’engager comme apprentie pour préparer les couleurs. Dès lors, entre eux s’installe une sorte de complicité qui va déchaîner la jalousie de Catharina et même de Tanneke, l’autre servante. La complicité va déboucher sur des séances de pose qui mèneront au chef d’oeuvre, mais qui va brusquer le renvoi de la jeune servante.

Le roman est écrit comme le journal de Griet, elle parle avec simplicité de ce qui l’entoure ; les ambiances surtout sont intéressantes et les moins superficielles de l’histoire : description de la vie de Delft et son marché, surtout ; relations entre catholiques et protestants et la relative tolérance des deux croyances ; relations familiales tendues chez les Vermeer, malheureuses et pitoyables chez Griet. Et malgré ces ambiances, le livre a réellement un petit côté superficiel, que j’ai trouvé fort dommage. Par ailleurs, les relations maître/servante sont plus qu’anachroniques et sont la vision d’une jeune femme de notre époque ; jamais au 17ème siècle une telle situation ne se serait produite.

Ce qui est agaçant dans le livre de Tracy Chevalier, c’est d’avoir à ce point brodé autour de la vie personnelle d’un peintre dont on sait peu de choses, si ce n’est qu’il était possédé par le démon du jeu et par le génie artistique. Il était un génie intimiste du clair/obscur (bien meilleur que Rembrandt à mon avis) ; Vermeer était un homme qui détestait peindre pour de l’argent mais qui paradoxalement était obligé de travailler sur commande pour faire vivre sa nombreuse famille (il aura 11 enfants au total ! - pas étonnant que sa femme ait été hystérique et labile). Les mécènes étaient souvent des gens très riches mais peu éduqués, ne comprenant pas grand’chose à la peintre, seulement désireux d’exhiber des oeuvres d’art. C’est cette ambiguité qui est la part exacte du roman.

On ne saura jamais qui était la jeune fille à la perle et il est plus que probable que personne n’ait jamais posé pour ce portrait superbe. Johannes Vermeer était un génie qui prenait des croquis, observait avec acuité les femmes, les hommes, les enfants autour de lui. Son génie artistique a fait le reste.

Pour mieux connaître Vermeer et son oeuvre, je conseillerais de lire le très beau catalogue issu lors de la retrospective de ses oeuvres. Il a été écrit par Ben Broos, Arthur Wheelock Jr, Albert Blankert et Jorgen Wadum, respectivement conservateurs de musées, à la National Gallery et historiens d’art.
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