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The Departed, de Martin Scorsese

Taupes mensonges et trahisons

Dans ce jeu croisé où on ne sait pas qui est qui, le jeune Billy Costigan gagne la confiance de Costello, le chef mafieux pendant qu’un jeune truand, Colin Sullivan, monte en grade dans l’Unité Spéciale contre le crime organisé de la police de Boston, dont il rapporte fidèlement toutes les opérations à son...

... patron. Les deux hommes, de part et d’autre, doivent louvoyer à travers leurs doubles vies juqu’à ce que autant du côté de la police que du côté de la mafia il devient évident qu’il y a une taupe parmi eux. Désormais, la course contre la montre est lancée, chaque infiltré va devoir veiller à dénoncer l’autre afin de sauver sa propre vie.

Depuis quelques temps le monde du cinéma se demandait si Martin Scorsese ne reviendrait un jour au genre policier qui le rendit célèbre.
Pourtant en adaptant le scénario d’un film de Hong-Kong « Infernal Affairs » sorti en 2002, le réalisateur prouve qu’il n’a pas du tout perdu la main, dans ce jeu de chat et souris entre la police bostonienne et la mafia irlando-américaine.

La fine ligne de démarcation entre la confiance et la trahison est un thème récurrent chez Martin Scorsese ; ce double jeu de miroir ne fait pas exception à la règle. Qu’est ce qui est « pile », qu’est ce qui est « face » ? ce qui est sûr c’est l’ambiance pessimiste et névrosée qui anime ce thriller.
Pour le réalisateur, la civilisation n’est jamais que le côté face de la barbarie et on n’entre pas dans le monde si on n’est pas capable de faire verser le sang ! Brrrrrrrr, une façon assez noire de voir les choses, mais la filmographie de Scorsese est remplie de ce thème. (J’avoue avoir une petite préférence pour ses documentaires musicaux, sur le Blues notamment.)

Pour qui connaît bien les films de Martin Scorsese (Goodfellas, Raging Bull, Gangs of New York, Mean Streets, Casino, Cape Fear) sait qu’ils ne sont pas exempts de violence ; ici non plus on n’est pas privé, on’échappe pas à l’hémoglobine et à la tension mettant les nerfs à vif. Toutefois, il est bon de rappeler que chez les gangsters on ne fait pas dans la dentelle et que leurs soi-disants « codes moraux », sont surtout les codes qui les arrangent bien pour faire parler les armes.

La distribution est impressionnante, malgré l’absence de de Niro.
Bien que je n’aie jamais été une grande fan de Leonardo di Caprio, j’avoue qu’il va épatée dans le rôle de Billy Costigan, jeune homme à l’air ténébreux, son talent d’acteur s’est ici épanoui, il entre dans l’âge adulte d’acteur par la grande porte ; Matt Damon, en Colin Sullivan, est non seulement tout aussi excellent, mais totalement crédible avec son air bien sympathique dans le rôle du flic ripoux qui tient un petit agenda pour son patron mafieux.

Celui-ci est interprété par Jack Nicholson, qui a abandonné une partie de ses tics pour ne montrer que le meilleur de lui-même et prouve si besoin en était qu’il est un grand acteur.

Il ne faut cependant pas omettre l’excellente interprétation de Mark Wahlberg, un acteur qui malheureusement n’est pas toujours utilisé à sa juste valeur et qui prouve ici qu’il est un très bon comédien ; en Sergent Dignam, il vole littéralement les scènes aux autres. La distribution comprend encore Martin Sheen et Alec Baldwin, deux acteurs qui ont fait souvent la preuve de leur talent.

Tous les acteurs sont à la hauteur des dialogues percutants et pleins d’humour dont le film abonde. Les personnages sont parfaitement étudiés.
Au moment où sort cet excellent film sur nos écrans, le film chinois dont le scénario original a inspiré le réalisateur américain sort en DVD. La trilogie « Infernal Affairs » d’Alan Mark et Andrew Law est désormais une référence pour cinéphiles, voire carrément un film culte ; on les considère comme des thrillers psychanalytiques, ce qui fascine toujours les Américains, bien sûr. Il est vrai que l’écriture de la trilogie d’Hong Kong propose un thème universel, ce qui ne pose aucun problème pour le transposer dans d’autres pays. Les réalisateurs d’Hong Kong font un portrait d’un monde où ne règne pas la confiance, où l’on se méfie de tout et de tous. Où le policier n’est peut être pas si moral que cela et où le truand n’est pas tout à fait immoral… Pour eux l’enfer c’est non seulement les autres, mais c’est surtout nous.

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