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Notes on a Scandal, de Richard Eyre

Avec une amie comme cela, point besoin d’ennemi !

Lors de la nouvelle rentrée arrive Sheba Hart, une jeune femme, artiste, faisant partie de ces « bo-bos » que méprisent aussi bien les prolétaires que les gens riches.
Elle est pleine d’illusions par contre sur l’enseignement et ce qu’elle pourrait apporter aux jeunes. Ce travail de...

... professeur est une manière pour elle d’échapper un peu à sa vie d’épouse et de mère d’un fils trisomique et d’une fille, adolescente exaspérante (en existe-t-il d’autres ?).

Barbara, avec une certaine condescendance, prend Sheba sous son aile, s’imaginant avoir trouvé enfin l’amie idéale dont elle rêve, jusqu’au jour où elle découvre que celle-ci a une aventure avec un élève, un jeune garçon de 15 ans. La relation va alors prendre un tournant plus pervers, la plus âgée connaissant le secret qu’elle promet de ne pas trahir, jouant sur le sentiment de reconnaissance de la plus jeune. Mais un nouvel incident va déclencher la colère de Barbara et les roues de la vengeance se mettent à tourner.

Superbe duo d’actrices dont le talent n’est plus à démontrer, s’affrontant dans un duel psychologique qui laisse réellement pantois. Tant de haine froide et calculée, tant d’envie de détruire chez un être humain à l’égard d’un autre être humain fait réellement peur.
Judi Dench est magnifique en Barbara, le prof près de la retraite, femme aigrie qui déteste les humains en général et ses élèves en particulier ; non seulement elle n’a pas hésité à s’enlaidir pour le rôle, mais elle exprime à la perfection la méchanceté que peut parfois provoquer la solitude et les déceptions que la vie vous a apportées.

Quant à Cate Blanchett, sa grâce habituelle trouve parfaitement sa place dans le rôle de cette femme fragile, faussement inconsciente, qui ne sait plus où elle en est, qui trahit par désoeuvrement, piégée par quelqu’un en qui elle avait mis sa confiance.

Quant à Bill Nighy, l’un de mes acteurs anglais préférés, il est comme à l’accoutumée parfait dans un rôle plus dramatique que ceux interprétés récemment. Cet homme joue tout à merveille, que ce soit la parodie de vieux rockers sur le retour (Love Actually), le fonctionnaire mal dans la peau (Girl in the Café), l’homme romantique emprisonné pour une bêtise (Lucky Break) ou le capitaine-calamar d’un vaisseau fantôme (Pirates of the Caribbean II), il est toujours à la hauteur du rôle, avec cette touche très personnelle d’humour anglais qui colle si bien à sa voix. Ici en mari trompé, blessé, dépassé par les événements, il est très touchant.

Le jeune élève est interprété par Andrew Simpson ; lui par contre je ne l’ai pas du tout trouvé crédible, il a vraiment l’air trop jeune pour le rôle et pas très talentueux finalement. Par contre Juno Temple et Max Lewis, dans les rôles des enfants du couple Hart, sont très biens.

Je dois dire d’ailleurs qu’il m’a été assez difficile de croire à cette histoire de soi-disant amour entre un prof près de la quarantaine et un gamin de 15 ans ! Je sais que certains élèves tombent amoureux de leurs professeurs, mais là, vraiment … la différence d’âge est totalement absurde.
C’est pour moi le seul point négatif du film, mais il est finalement de peu d’importance, il est un catalyseur pour une histoire bien plus profonde.

Richard Eyre est le réalisateur du très beau et poignant « Iris », basé sur le journal intime du mari de l’écrivaine-philosophe Iris Murdoch, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il y avait déjà dirigé Judi Dench, qui excellait là aussi dans un rôle ingrat.

Quant à Patrick Marber, l’auteur du scénario adapté du roman de Zoe Heller, il semble aimé les histoires où les humains s’amusent à se blesser. C’est lui qui avait déjà écrit « Closer », scénario sur des jeux pervers d’adultes, tiré de sa pièce de théâtre éponyme.
Ici tout le film baigne dans l’ambiance créée par la voix « off » de Barbara, écrivant son journal et relatant des faits odieux avec une froideur sans pareille.

« Notes on a Scandal », est une histoire de dérive humaine qui risque de me hanter pendant quelque temps, car personne n’est à l’abri de la solitude et de l’amertume qu’elle entraîne parfois. On ne sort pas du cinéma le cœur léger, bien au contraire, mais ne pas aller voir ce film serait une erreur.

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