Dernier module du musée – Ostentation et Dérision – va nous permettre de retrouver essentiellement le folklore traditionnel de la Flandre et du nord de la France.
En premier lieu l’œuvre contemporaine est une accumulation de lingots d’or empilés de Léo Copers, artiste flamand (né à Gand en 1947). Empilés les uns sur les autres de manière organisée et sans équivoque ils symbolisent la richesse et la convoitise de l’Homme, ils paraissent tellement réels que l’œil du visiteur est automatiquement attiré. On pourrait être tenter d’attraper celui qui posé à quelques dizaines de centimètre du « tas » mais par prudence (bien qu’il ne s’agisse que de résine laquée) ils sont vissés aux sols.
Cette œuvre a précédemment été exposée dans un hall de banque. C’est la seconde version de cette œuvre, la première fait partie des collections du S.M.A.K de Gand. Ce « Geen gezeik iedereen rijk ! I » est un cube parfait tandis que « Geen gezeik iedereen rijk ! II » présente au musée de Cassel accentue la tentation et l’ostentation car les lingots posés sur la structure et sur le sol paraissent libres, détachés, prêts à être emportés…
Passons à la dérision avec à quelques mètres seulement se trouve une sculpture étonnante, un homme en train de déféquer, et apparemment il avait un solide appétit ! Cette représentation fait partie d’une iconographie ancienne et courante dans l’art flamand.
Ce type de représentation est fréquent dans la peintre flamande, on en retrouve dans les œuvres de Jérôme Bosch ( ?- 1516) de Pieter Bruegel (1525/1530 – 1569) ou encore de Pieter Balten (1520/1525 – avant 1598). Cela ne choque pas car c’est une simple reproduction de la réalité.
La réalité n’a rien de choquant en pays flamand et l’on retrouve ce trait de caractère encore aujourd’hui dans certains us et coutumes aux Pays Bas. Ainsi si vous invitez à votre table un couple de Néerlandais, si quelque chose n’est pas à leur goût ils vous le diront crûment et sans détour, en passant ainsi chez nous comme « mal élevé ». Ils vous diront ce qu’ils pensent, en toute honnêteté, sans détour, et pour eux dire que l’on apprécie quand ce n’est pas le cas c’est être « mal élevé », chacun ses façons d’être, et quand on le sait on est moins » surpris.
Revenons à notre « chieur » pour signaler que dans la culture flamande, l’expression : « Uit schijten » c’est-à-dire : « action de fienter » signifie également : « railler ». Il y a donc aussi une dimension moralisatrice en replaçant l’homme à sa vraie place, nous sommes tous égaux et de passage.
Cette tradition est toujours vivante aujourd’hui en Catalogne sous le terme de caganer qui est un santon très fréquent dans les scènes de la nativité en pays catalan en plus des autres santons traditionnels. Les représentations de Caganers se trouvent facilement avant la période de Noël devant la cathédrale de Barcelone ou maintenant sur internet, https:// www.caganer.com. Ces petits personnages sont réalisés à l’effigie de personnes connues tel, en autres, le pape, la famille royale espagnole, les divers présidents ou les joueurs de football.
Dérision toujours avec une huile sur bois attribué à un Maitre de 1537, le portrait de fou regardant à travers ses doigts.
Comme signalé précédemment, le fou est un personnage récurrent dans la peinture flamande qui attire l’attention sur la précarité de l’être humain, sur ces « disfonctionnements », ses faiblesses.
Dérision toujours avec la fête et surtout le carnaval avec cette toile du carnaval de Cassel d’Alexis Bafcop. On y retrouve tout l’aspect festif et folklorique de cette manifestation avec en arrière plan le Géant de Cassel Reuze Papa.
Alexis Bafcop (Cassel, 1804 - 1895) qui avec Ambroise Bafcop (Cassel, 1803 - 1876) ont créés les deux Géants de Cassel : Reuze Papa et Reuze Maman en 1827 et 1860. Ils sont en matériaux composites (structure en bois et osier, toile encollée et papier mâché peint, carton peint, toile de jute, crin et cheveux). Vous saurez un peu plus sur ces deux géants légendaires dans le dernier billet consacré à Cassel.
Pour en revenir à l’huile sur toile d’Alexis Bafcop : Le carnaval de cassel (1876), le peintre a compilé des éléments réels, mais intervenus à des dates différentes et probablement des éléments issus de son imaginaire. Son but étant avant tout de retranscrire l’atmosphère de fête.
On remarque au premier plan des personnages de la comédia dell’arte et notamment Arlequin et Domino qui présentent la gaufre et la crêpe, le symbole de Carnaval et de Carême.
Le carnaval a lieu le dimanche qui précède le mardi gras. C’est un événement si important de l’année qu’il y a un siècle environ, la météo étant tellement défavorable, il fut reporté au lundi de Pâques et depuis lors il y a deux carnavals à Cassel, le carnaval d’hiver et le carnaval d’été (lundi de Pâques).
Autre tableau, celui d’Erasmus de Bie (Anvers, 1629 - 1670) qui nous propose une procession religieuse sur la place du Meir à Anvers, l’« Ommegang », en l’honneur de la vierge marie – patronne de la ville - qui avait lieu à Anvers tout les 15 août.
A première vue pourtant on a plus l’impression d’un carnaval que d’une procession religieuse mais il était habituel au XVIIe siècle de voir des chars et des géants rythmer une fête chrétienne : religieux et païen étant intrinsèquement mêlés.
En arrière plan un géant ressemblant fortement à Reuze Papa, il s’agit du géant Druon Antigone. Au centre, Neptune, le dieu des Mers, chevauche une baleine, qui arrose les badauds et qui évoquerait les nombreux dangers auxquels les cargaisons des navires marchands sont exposées : tempêtes, pirates et animaux marins.
Cassel – Le musée de Flandre – 1 – La Châtellenie
Cassel – Le musée de Flandre – 2 – Soumission et Colère
Cassel – Le musée de Flandre – 3 - Entre terre et ciel
Cassel – Le musée de Flandre – 4 - Mesure et démesure
Cassel – Le musée de Flandre – 6 – Reuze Papa et Reuze Maman
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Tekiro