Mesure et Démesure, troisième module de ce musée, autant les dénominations des autres modules correspondent bien aux thèmes abordés, autant l’intitulé de cette partie de l’exposition ne me convainc pas. Nous sommes plus dans un fourre-tout que dans une catégorie bien précise. Avec d’emblée pour preuve la première salle : « Curiositas » qui évoque les cabinets de curiosités très en vogue jusqu’au XIXème dans les riches demeures de Flandre.
De tout et de rien dans cette salle, une vertèbre de baleine, des coquillages, un meuble aux tiroirs secrets, des antiquité grecs et romaines, … et une belle nature morte, une huile sur toile de Jan Fyt de 1645 représentant des trophées de chasse avec un lièvre et des oiseaux. Si on regarde bien, au fond à gauche, on remarque un chat – seul élément vivant de cette nature morte - qui semble bien intéressé par l’un des volatiles.
Dans cette salle des hiboux, ils sont issus d’une œuvre contemporaine de Jan Fabre de 2006 « Sept Messagers » crée pour le musée des Beaux-Arts d’Anvers.
Ces hiboux saisissants de réalisme sont en fait typiquement dans la tradition de l’art flamand, où ils pointaient le caractère ésotérique voir surnaturel de la scène qui se trame sous les yeux du spectateur.
On arrive ensuite dans la cuisine, cette pièce était réellement la cuisine de ce bâtiment à la différence qu’elle était en fait plus vaste et englobait la salle précédente – curiositas -. On y trouve une grande cheminée et surtout au centre de la pièce une pyramide de carte à jouer …
« Le Château de Cartes » spécialement réalisée en 2008 pour le musée par Patrick Van Caeckenbergh (né à Alost en 1960) est une œuvre qui représente l’une des passion du créateur, le processus de la digestion.
L’organe principal pour Patrick Van Caeckenbergh n’est pas le cerveau mais l’estomac, celui qui transforme la nourriture pour produire de l’énergie et permettre à l’Homme de se mouvoir, de s’exprimer, de penser.
Au sommet du château on retrouve ainsi la bouche, les différents étages représentent le processus de digestion pour finir à la base avec l’élimination des déchets figurée par la présence sur le plateau inférieur de bousiers poussant leurs boulettes ; plateau complété d’un jeu, symbole du hasard soulignant les mystères du mécanisme de tri dans les aliments ingérés.
Au niveau de la bouche les cartes sont des jokers, symbolisant le fou, personnage récurrent dans la peinture flamande, qui attire l’attention sur la précarité de l’ensemble, et par là même de l’existence de l’Homme.
A voir aussi deux œuvres gravées d’après les dessins de Pieter Bruegel, par Pieter van der Heyden et éditées par Jérôme Cock, la cuisine maigre et la cuisine grasse. D’un côté les pauvres maigres et en haillons mais qui n’hésitent pas à partager avec qui sonne à la porte et de l’autre les riches, bien nourris et même trop nourris mais qui refusent l’hospitalité à celui qui a faim.
Toujours dans la même thématique c’est une huile sur bois de l’entourage de Ambrosius Benson (vers 1495 ; Bruges, 1550) qui est proposée et représente à première vue un repas à la campagne, mais est en fait une scène galante.
Avec au premier plan des couples se formant à coup de ripailles et aux sons de la flûte et de la mandoline. L’arrière plan est beaucoup plus suggestif, tandis que dans la maison un fou à la mandoline pointe les désordres qui se trament autour de lui, demeure avec une enseigne arborant un cygne, signe distinctif d’une maison close.
Cassel – Le musée de Flandre – 1 – La Châtellenie
Cassel – Le musée de Flandre – 2 – Soumission et Colère
Cassel – Le musée de Flandre – 3 - Entre terre et ciel
Cassel – Le musée de Flandre – 5 - Ostentation et Dérision
Cassel – Le musée de Flandre – 6 – Reuze Papa et Reuze Maman
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Tekiro