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Cassel – Le musée de Flandre – 3 - Entre terre et ciel

Deuxième module thématique du musée de Flandre à Cassel « Entre Terre et Mer » est aussi celui qui m’a le moins intéressé. Premier sujet abordé le Paradis Terrestre avec tout d’abord une huile sur toile anonyme de l’école flamande du XVIIe siècle.



Sur cette toile on retrouve l’histoire d’Adam et Eve en quatre temps: la création d’Adam à droite, puis d’Eve derrière l’arbre, qui sort de la côte d’Adam, la tentation et la faute originelle au centre et l’expulsion du Paradis à gauche.
Autour d’eux de multiples animaux au faciès souvent maniéré et expressions plutôt humaines. Proies et prédateurs semblent vivre en parfaite harmonie. On reconnaît beaucoup d’animaux réels ou existant dans l’imaginaire collectifs à l’exception cependant d’un drôle de petit écureuil, situé au dessus cheval qui ne ressemble ni à un animal connu, ni à un animal de légende.

Comme je l’avais signalé dans la première partie de ces articles consacrés au musée de Flandre de Cassel, le conservateur a pris le parti de mélanger et de mettre en parallèle œuvres anciennes et œuvres contemporaines. Si dans la partie « Soumission et Colère » l’œuvre de Manuel Ruiz Vida m’avait fortement impressionné, il en va tout autrement ici avec, toujours sur le thème du paradis terrestre, une photographie de 2004 de Jacques Quecq d’Henripret (né à Lille en 1942), qui présente sa vision du Paradis terrestre.




C’est un panorama réalisé pour l’exposition « On a choisi Rubens », au Palais Rameau à Lille en 2004. C’est au pied du mont Cassel qu’il prendra cette vue de la campagne flamande. Ensuite il photographiera chaque animal (dont certains au zoo de Lille), les numérisera et les « collera » sur son paysage pour former ainsi son paradis terrestre. On y trouve aussi bien évidemment Eve.

A titre personnel je me demande toujours pourquoi ce « truc » kitchissime se trouve dans un musée !



La perspective aérienne

Quand leurs contemporains italiens utilisaient déjà le principe de la ligne de fuite pour marquer la perspective, les peintres flamands pratiquaient la perspective aérienne — théorisée à l’époque par Léonard de Vinci — grâce à un découpage de l’espace en trois plans couleur : brun-ocre pour le premier, vert pour le plan moyen, bleu pour le lointain.



On le remarque aisément dans cette huile sur bois à quatre mains de Joachim Patinir (Dinant ou Bouvignes, dernier quart du XVe siècle - Anvers, 1524) et Quentin Metsys (Louvain, 1466 – Anvers, 1530), « Saint Christophe portant l’Enfant Jésus ».

La vie de saint Christophe est connue par les récits hagiographiques de Jacques de Voragine compilés dans La Légende dorée du XIIIe siècle. Christophe, converti au christianisme, avait pour mission de faire traverser les voyageurs. Un jour il chargea sur son dos un enfant qui durant la traversée se mit à peser si lourd que le passeur atteignit l’autre rive exténué. L’enfant lui répondit alors : « Ne t’étonnes pas, Christophe tu as porté non seulement le monde mais aussi celui qui l’a créé ». Et Jésus lui donna le pouvoir de faire naître un arbre en plantant en terre son bâton. Dans le tableau, la feuille flétrie évoque cet épisode.
Saint Christophe et de l’Enfant Jésus donnent l’impression d’avoir été « copié-collé » sur le paysage, ils semblent en dehors. En fait cette oeuvre a été réalisée à quatre mains. Les deux peintres se répartissant le travail, chacun faisant ce qu’il savait faire de mieux, ainsi sur cette toile les visages pour Quentin Metsys et le paysage pour Patinir.




Autre huile sur bois reprenant la perspective aérienne, celle de Roelandt Savery né à Courtrai en 1576. Composition de paysage classique en trois plans successifs avec un camaïeu de brun pour le premier plan, vert pour le second et bleu pour l’arrière plan. Les couleurs, mais aussi les coulisses, tel cet arbre mort au premier plan ou ce rocher à droite, concourent à apporter de la perspective et guident l’œil du spectateur vers le fond de la composition.

Sur la gauche on remarque des cavaliers essayant de rattraper les voleurs d’un chariot, cette saynète apporte le mouvement.

Roelandt Savery (Courtrai, 1576 – Utrecht, 1639)
Paysage avec un château animé de personnages

Art religieux

Après la Terre, le Ciel avec en « ouverture » une gravure étonnante de P. Van der Eyden d’après Breughel qui nous invite dans le domaine de la sorcellerie, « La sorcière de Maleghem ». Puis différentes sculptures et peinture évoquent l’art religieux flamand.

L’œuvre la plus exceptionnelle est sans nul doute une peinture sur bois anonyme du XVème siècle « LaVierge au donateur Joos vandem Damme ». Ce primitif flamand a été authentifié par le centre de recherche et de restauration des musées de France.



L’épitaphe, qui fait partie intégrante de la composition ce qui est plutôt rare, a permis d’identifier le personnage agenouillé, le donateur Joos Vanden Damme et chose encore plus rare, de retrouver le lieu originel où était accrochée l’œuvre. Le donateur, qui est décédé le 4 mai 1484, avait commandé ce tableau pour qu’il l’accompagne dans sa dernière demeure, dans la chapelle latérale de l’église Notre-Dame de Termonde. Cet œuvre post-mortem explique peut-être le fait peu courant que ce soit le donateur qui se retrouve au centre de la composition et près de la Vierge - la plupart du temps les donateurs sont représentés sur les panneaux latéraux - et de plus avec les yeux clos, c’est à dire qu’il est mort.


Cassel – Le musée de Flandre – 1 – La Châtellenie
Cassel – Le musée de Flandre – 2 – Soumission et Colère
Cassel – Le musée de Flandre – 4 - Mesure et démesure
Cassel – Le musée de Flandre – 5 - Ostentation et Dérision
Cassel – Le musée de Flandre – 6 – Reuze Papa et Reuze Maman


https://museedeflandre.cg59.fr/

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