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Saddest Music in the World, de Guy Maddin

Dans le cadre des “Inédits de l’Ecran total” voici un film tout à la fois fantaisie musicale et mélo, tragédie et comédie burlesque.



A Winnipeg, pendant la Grande Dépression de 1933, une baronne de la bière ayant perdu les deux jambes, l’une à cause d’un accident automobile, l’autre parce qu’un chirurgien stupide et saoul l’a amputé de...

... la jambe non accidentée, décide d’organiser un concours, dont le prix est de 25.000$, un véritable marathon de la chanson triste, à l’instar de ces marathon de la danse tels qu’on a pu les voir dans « On achève bien les chevaux » !



De partout dans le monde arrivent donc des musiciens bien décidés à remporter le prix de la plus « triste chanson au monde ».

Parmi ceux-ci, un homme accompagné de sa compagne nymphomane, ainsi que son père et son frère ; tous trois ont un passé avec la baronne puisque le père est celui qui amputa la jeune femme, tentant de se racheter en lui fabriquant cette prothèse aux jambes en verre pleines de bière.

Mais la baronne n’est pas la seule femme à avoir un passé avec la famille Kent ; la petite nympho vivant avec le fils aîné est l’ex-femme disparue du frère cadet qui pleure désespérément leur enfant. A l’issue des éliminatoires, la finale symboliquement oppose les deux frères.



Le réalisateur canadien Guy Maddin nourrit une profonde admiration pour le cinema muet, entre autres celui de Murnau et Fritz Lang. Il y a donc dans « Saddest Music » des réminiscences de « Metropolis » et son Eve mécanique dans la baronne de la bière lorsqu’on lui attache ses jambes en verre remplies de bière. Mais ce petit clin d’œil ne représente pas à lui seul l’hommage de Maddin à ses illustres précédesseurs ; le film est pratiquement totalament en noir et blanc ; il est réalisé en video 8mm et possède le rythme et l’ambiance d’un film du muet. Le ton, par ailleurs, est volontairement moqueur, au spectateur de décider s’il s’agit ou non d’une parodie. L’effort visuel est évident et selon les afficionados très créatif, cependant il est physiquement un peu fatiguant à supporter pendant 90 minutes.



Personnellement j’y ai surtout vu un exercice de style, mais le cinéma après tout ce n’est pas que « Star Wars » ou Tom Cruise (heureusement d’ailleurs dans ce dernier cas !), parfois il est bien aussi de voir quelque chose de non-conventionnel.



Il y a beaucoup de minuscules détails dans cette histoire parfois exagérément absurde comme l’étaient d’ailleurs certains films du muet, la caricature du businessman par exemple, celle de la nympho aux grands yeux candides et totalement fêlée, le frère au caractère « gothique » et surtout cette superbe baronne, qui hélas a perdu les jambes après une « petite gâterie » qu’elle offrait pendant que son compagnon conduisait la voiture.



La superbe Isabella Rossellini apporte une touche très « glamour » à cette baronne qui n’ a pas perdu que les jambes mais un peu la raison également. Maria de Medeiros apporte son visage angélique à Narcissa, la bien nommée petite nymphomane.

Les interprètes masculins sont tous des acteurs canadiens.



Dire que Guy Maddin, qui s’est inspiré d’un scénario japonais, a de l’imagination est un doux euphémisme.

Personnellement, je trouve que « The Saddest Music… » part un peu trop dans tous les sens, mais c’est certainement une expérience cinéphile intéressante qui restera longtemps gravée dans ma mémoire. Et c’est un film que je recommande justement parce qu’il sort totalement des sentiers battus des grands écrans.

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